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Le Trésor de l'Ancien Régime

Laissez-vous éblouir par ce Trésor autrefois conservé dans la cathédrale de Reims, dont une partie fut envoyé à la fonte à la Révolution. Une occasion en "or" de découvrir les pièces les plus insignes aujourd'hui exposées au palais du Tau !

Le talisman de Charlemagne

Quelle est la particularité de ce talisman ?

Par définition, un talisman est un objet portant des signes consacrés auxquels sont attribuées des vertus de protection et de pouvoirs magiques. Enchanteur, nous direz-vous !

Le Talisman de Charlemagne, bijou à double face, monté en pendentif, contient une relique de la Croix du Christ !

A-t-il réellement appartenu à Charlemagne ? 

La légende dit que ce reliquaire a été découvert suspendu à son cou, lors d’une exhumation en 1166.

S’il date bien de l’époque carolingienne, aucun texte ne permet de certifier qu’il a appartenu à l’empereur d’Occident et roi des Francs… 

Le talisman de Charlemagne

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Quel est le destin de ce talisman ?

Son destin romanesque est associé à de nombreux personnages historiques à l’instar de Charlemagne, Napoléon Ier, l’impératrice Joséphine, Hortense de Beauharnais ou encore Napoléon III et son épouse l’impératrice Eugénie

En 1802, l’évêque d’Aix-la-Chapelle offre ce reliquaire à l’impératrice Joséphine qui accompagne Napoléon en pèlerinage dans cette ville où sont conservées les reliques de Charlemagne. 

Napoléon se considère, en effet, comme son successeur et veut s’inscrire dans la lignée des rois carolingiens

Le Talisman est transmis à Joséphine, puis à Hortense de Beauharnais, qui le lègue au futur Napoléon III.

Enfin, l'impératrice Eugénie, émue par le bombardement de Reims en 1914, en fait don à la cathédrale de Reims.
 

Détail du reliquaire de Charlemagne : aperçu d'un os du bras droit de l'Empereur

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

La calice du sacre

Daté de la fin du XIIème siècle, le calice du sacre, rapporté d'Orient lors des croisades, est considéré comme un chef-d’œuvre de l’art byzantin.

Le pied circulaire porte cette inscription : « Quicumque hunc calicem invadiaverit vel ab ecclesia Remensi aliqui modo alienaverit anathema sit fiat amen ». 
Celle-ci signifie « Quiconque s’emparerait de ce calice et le ferait sortir par quelque moyen que ce soit de cette église, soit anathème, Amen ». (autrement dit, soit excommunié)

Quel était l’usage particulier de ce calice ?

Le calice rappelle la coupe de vin de la Cène. Il est employé dans la célébration eucharistique pour la consécration du vin, devenant ainsi le sang du Christ et servait pour la communion du roi de France lors de la messe du sacre.

Enlevé du trésor en vertu du décret de 1792 puis transporté au district de Franciade (Saint-Denis), il manque d'être fondu par la Monnaie ! Il tombe finalement dans l'oubli... 

Après la Terreur, il est envoyé au cabinet des Antiques de la Bibliothèque nationale. Réclamé à plusieurs reprises par le Cardinal Gousset, le calice finit par être restitué à Reims sous Napoléon III le 19 mars 1961 par Monseigneur d’Adras, aumônier de sa majesté.

Détail du pied du Calice du Sacre (XIIè siècle)

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

La nef de Sainte Ursule

Les nefs étaient des présents traditionnellement offerts aux reines par les autorités urbaines.

Ces objets en forme de navires appartenaient à l’art de la table. Disposés à côté d’une personnalité importante, ils pouvaient servir de coffret de rangement aux effets personnels de leur propriétaire (épices, serviette, couverts) ou avoir une fonction uniquement décorative

La nef de Sainte Ursule est l'un des objets précieux du trésor de la Couronne de France offerts à la cathédrale de Reims pour les rois ou reines de France.

Il s'agit d'une nef d’apparat dotée d’un couvercle, articulée et animée par des petits hommes d’équipage. Elle est offerte à la reine Anne de Bretagne à l'occasion de sa visite de la ville de Tours, en 1500.

Conservée parmi les joyaux de la couronne jusqu’en 1574 : cette année-là, Henri III l'offre à Reims à l’occasion de son sacre et y faisait porter ses armoiries et graver l’inscription « à ce qu’il plaise à la puissance divine de conduire les affaires de Gaules agitées en tant de flots de sédition, au port de la tranquillité ».

Nef de Sainte Ursule (XVIè siècle)

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

La nef, objet de dévotion ?

En 1505, Anne de Bretagne transforme la nef en reliquaire, en y faisant placer douze statuettes féminines par l’orfèvre Henri Duzen. 

Elles arborent de longs cheveux et revêtent de grands manteaux représentées dans des attitudes de prières. Près du mat, au centre du pont, se tient la plus richement habillée et la seule en or : Sainte Ursule, coiffée d’une couronne d’or. Vêtue d’un manteau rouge et or doublé d’hermine et d’une robe bleue, peut-être prend-elle les traits d'Anne de Bretagne ?

Qui est sainte Ursule ? 

Ursule, princesse bretonne accompagnée de ses compagnes, les 11 000 vierges, est capturée par les Huns lors du siège de Cologne. Refusant d’épouser leur chef Attila et de renier sa foi, elle est, avec ses suivantes, criblée de flèches...

Détail de la nef de Sainte Ursule

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

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